samedi 1 juillet 2017

30 juin 1960; LUMUMBA comparé à JESUS (Entretien avec Papa André Mukanya)

Pour rappel

Exceptionnellement cette année, la République Démocratique du Congo a célébré de maniéré extraordinaire sa fête d'indépendance. Dans mon précédent article 30 juin 1960-30 juin 2017 j'ai prédis la méditation qui pourrait accompagner la journée du 30 juin 2017 chose remarquée.

Cela n'est plus mon problème dans cet article.

Alors qu'une partie des congolais a voulue faire honneur aux demandeurs d'indépendance en célébrant de leur manière cette journée, j'ai rencontrer un vieux papa (Papa MUKANYA), témoin de l'indépendance qui, volontiers a souhaité me relater l'histoire (sa version de l'indépendance).

Il commence par regretter ce qu'est la politique aujourd'hui, une politique qu'il considère de jeunes. "Je pouvais mettre ma veste de l'époque pour commémorer cette grande fête nationale, mais ça ne donne pas le goût, vous les jeunes, vous avez transformé l'indépendance. Vous aimez plus l'argent que le peuple" A-t-il énonce.

LUMUMBA, un envoyé de Dieu

Patrice Emery LUMUMBA était naturellement autoritaire. Le Président de la République à l'époque, KASAVUBU avait peur de lui, il voyait en cet homme un danger pour son pouvoir; et avec l'influence des occidentaux il l'a tué. Il n'était pas le seul qui avait la vision de l'indépendance, seulement la sienne était différente des autres. Joseph KASAVUBU par exemple, il demandait l'indépendance pour l'ABAKO parce qu'en soit, il avait l'intention de régner chez lui. Ce qui avait poussait TSHOMBE à vouloir régner dans le SHABA, ils étaient des divisionnistes (fédéralistes). La seule personne qui avait une vision unitariste c'était LUMUMBA (avec son Parti, le MLC).

Je voyait en lui un homme envoyait de Dieu, son autorité était grande que quand il parlait à la Radio, les blancs tremblaient. Il annonçait sa mort pour l'Indépendance, comme JÉSUS, il ne cessait de dire qu'il mourra au SHABA (KATANGA). Sa plus grande erreur était celle de n'est pas prendre la Présidence de la République car il était populaire et celui qui avait gagné les élections mais il avait préféré prendre la Primature, bien sûr avec l'influence des blancs qui voyait leur départ immédiat avec Lumumba comme Président. Il était un danger et il fallait l'écarter.

Avant la table ronde, il était arrêté et conduit à la prison de buluo où il a beaucoup souffert. Lui-même, le MLC et sa famille pensait que c'était la fin pour lui; à l'époque je connaissait un membre de sa famille, Son Oncle qui gérait l'hôpital DACO de Likasi (Likasi était dirigé par Jean Jadot). Alors que la table ronde était en quelque sorte un dialogue qui devait réunir différentes parties et redresser la situation du pays, son Parti avait exigé sa Présence. Mais bien avant cela, Le Président KASAVUBU avait prévu un discours le 4 janvier, événement qui avait causé la mort de plusieurs personnes et lui s'était échappé grâce aux prêtres qui l'avait habillait en moine.

Alors que le discours du Président était déjà connu des forces colonisatrices, celui de Patrice Emery LUMUMBA était une grande surprise (le lire ici: Discours de Patrice-Emery Lumumba ). Il n'avait pas chassé le blanc comme les autres le prétendent; c'est seulement le caractère touchant de son message qui avait poussé la population à se soulever contre le colonisateur, mécontent de la manière dont elle était traitée. C'est après ce discours que tout le complot de son assassinat a commencé.

Un certain samedi, alors que j'étais au boulot, j'ai appris par des amis que les blancs partent. Le climat était tout autre; ceux qui étaient proches des blancs avaient gardé beaucoup de souvenir, certains pleuraient et laissaient des cadeaux aux congolais.

C'est un envoyé de Dieu et les traces le témoignent: il a souffert pour une bonne cause, et à sa mort, comme Jésus-Christ, il a été tué avec deux autres personnes.

Les propos de ce Sage Papa me fait penser que la RDC attend un autre envoyé de Dieu. Il y a eu celui qui a conduit le Congo à l'indépendance, celui qui l'a libéré de la dictature; on attend alors celui qui sortira son peuple de la misère.

Jean-Baptiste KITWAMBI MUFUNGA
Politologue

DISCOURS DE Patrice Emery LUMUMBA

Patrice Emery LUMUMBA lisant son discours
Congolais et Congolaises,
Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux,
Je vous salue au nom du gouvernement congolais.

A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.
Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte  qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.

Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers.

Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions nègres. Qui oubliera qu’à un noir on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls Blancs ?
Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou d’un Noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses ; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même.
Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillottes croulantes pour les Noirs, qu’n Noir n’était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens ; qu’un Noir voyageait à même la coque des péniches, aux pieds du blanc dans sa cabine de luxe.
Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation ?

Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert. Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréé pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini. La République du Congo a té proclamée et notre pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.

Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la Déclaration des droits de l’Homme.
Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu’elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudront sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays. Nous allons faire régner nos pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des cœurs et des bonnes volontés.
Et pour cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses,  mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit. Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l’histoire, n’a pas essayé de s’opposer à notre indépendance, est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d’être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j’en suis sûr, sera profitable aux deux pays. De notre côté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis .
Ainsi, tant à  l’intérieur qu’à l’extérieur, le Congo nouveau, notre chère République, que mon gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous, législateurs et citoyens congolais, je vous demande de m’aider de toutes vos forces. Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger.

Je demande à la minorité parlementaire d’aider mo n gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques. Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République ; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays. L’indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain.

Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de race, mes frères de lutte, ce que j’ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine. Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays.
J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, à se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.

Hommage aux combattants de la liberté nationale !
Vive l’indépendance et l’Unité africaine !
Vive le Congo indépendant et souverain !