le Président Joseph KABILA devant le Congrès ce mercredi 05 avril 2017 |
Honorable Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorable
Président du Sénat,
Honorables
Députés et Sénateurs,
Mes
Chers compatriotes,
Après
Mon adresse sur l’état de la Nation, le mois de novembre dernier, la situation
socio-économique, politique et sécuritaire du pays M’obligent ce jour à
M’acquitter de ce devoir constitutionnel, plus tôt, que de coutume.
En
effet, la morosité des indicateurs macro-économiques laisse aujourd’hui nos
concitoyens perplexes, au regard de son incidence bien compréhensible sur leur
pouvoir d’achat, alors qu’au plan politique, les négociations du Centre
interdiocésain sur l’arrangement particulier relatif à la mise en œuvre de
l’Accord du 31 décembre 2016, ont généré quelques inquiétudes pour avoir
achoppé sur deux difficultés du reste surmontables : les modalités de
nomination du Premier Ministre et la désignation d’une nouvelle personnalité à
la tête du Conseil National du Suivi de l’Accord, CNSA en sigle.
Aussi,
les dernières évolutions dans le Kasaï Central et ses environs sont-elles
restées marquées, au plan sécuritaire, par les actes de barbarie inacceptables
et condamnables dont la profanation et le saccage de nombreux édifices
religieux, le viol et la décapitation de nombreuses femmes, d’une centaine
d’éléments de nos forces de Police et de l’Armée, ainsi que celle de plusieurs
civils et deux experts des Nations Unies.
En
leur mémoire, et en celle de tous les fils et filles de ce pays qui nous ont
quittés en ce début d’année 2017, sous le drapeau, ou de mort naturelle, dont
le Président de l’UDPS, Monsieur Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA, Je vous invite
à observer une minute de silence.
Honorable
Président de l’Assemblée Nationale,
Honorable
Président du Sénat,
Honorables
Députés et Sénateurs,
Mes
Chers compatriotes,
Le
premier trimestre de l’année en cours a été marqué, au plan sécuritaire, par
une évolution positive et encourageante de la situation dans l’Est du pays où
nos populations du Tanganyika, du Sud et du Nord-Kivu ont renoué
progressivement avec la paix et la tranquillité, grâce aux opérations
militaires de nos forces de sécurité, mais grâce aussi aux efforts de
sensibilisation des autorités et notabilités locales. Ces actions doivent se
poursuivre pour atteindre l’objectif d’une paix durable.
Le
temps de se réjouir un instant à juste titre, de ce vent favorable, l’épicentre
de l’insécurité se déplacera vers le Centre du pays où un conflit coutumier a
dégénéré en violence meurtrière aveugle, entretenue par les milices muées en
terroristes, violant, tuant, brûlant et détruisant tout sur leur passage.
Il
s’agit là, vous vous en doutez, d’une situation
aujourd’hui au cœur de nos profondes préoccupations.
L’énigme
du départ aux contours coutumiers a été dénouée à travers un processus
politique et administratif initié par le Gouvernement central.
Face
aux atrocités inacceptables commises sur des victimes innocentes et en raison
de la persistance des troubles à l’ordre public, mettant en péril la paix et la
stabilité du pays, il ne nous reste plus qu’à déférer à notre obligation
constitutionnelle : celle de rétablir l’autorité de l’Etat dans cette partie de
la République, par tous les moyens légaux possibles.
C’est
ici le sens des Ordonnances que Je viens de signer, mettant en place un secteur
opérationnel dans les Kasaï.
En
même temps, des instructions ont été données au Gouvernement central de manière
à intensifier sa présence accrue dans les provinces touchées, à travers les
Ministres ayant en charge l’Intérieur et les Affaires Coutumières, en vue de la
poursuite du règlement politique et administratif de nombreux conflits
coutumiers signalés ça et là, et ce, avec l’aide de l’Association Nationale des
Autorités Traditionnelles du Congo.
Il
est clair que les responsables présumés de toutes les exactions et crimes
graves sur les civils dont, à ce jour, sept militaires des Forces Armées, déjà
aux arrêts, répondront de leurs actes devant la justice.
De
la même façon, les crimes commis par les miliciens sur les paisibles citoyens,
les agents de l’ordre et ceux des Nations Unies ne resteront pas impunis.
Leurs
auteurs qui font eux aussi déjà l’objet des enquêtes judiciaires au niveau des
Parquets et Auditorats militaires compétents, devront être sanctionnés
conformément à la loi.
D’ores
et déjà, des instructions ont été données au Gouvernement de la République,
afin qu’il apporte le concours nécessaire à la réalisation desdites enquêtes.
En
attendant, Je lance un appel au calme dans le Kasaï Central et J’invite les
quelques jeunes entraînés dans des aventures sans lendemain, aux conséquences
dévastatrices pour nos populations des provinces affectées, à déposer les armes
et à cesser leurs actions criminelles.
Honorable
Président de l’Assemblée Nationale,
Honorable
Président du Sénat,
Honorables
Députés et Sénateurs,
Je
me fais le devoir de rappeler, une fois de plus, la fragilité des fondamentaux
de notre tissu économique tournés essentiellement vers le secteur tertiaire, et
marqué d’une part, par l’importation des biens de première nécessité consommés
par les Congolais et que nous ne produisons pas, et d’autre part, par
l’exportation des matières premières, vers les pays industrialisés, source de
nos principales recettes budgétaires, mais dont la fixation des cours échappe à
notre contrôle.
Il
va sans dire que tant que nous ne changerons pas ce paradigme, notre économie
restera fragile et fera continuellement les frais des soubresauts de la conjoncture
économique internationale.
Dans
le même ordre d’idées, tant que notre système fiscal sera écrasant,
discriminatoire et truffé d’une parafiscalité lourde, le climat des affaires ne
sera pas propice à l’investissement productif ni au civisme fiscal.
Aujourd’hui,
nous avons pris la mesure du défi. Il nous faut agir sans plus attendre.
En
plus des investissements publics légitimes, l’option est donc définitivement
levée de promouvoir le soutien au secteur privé productif à travers,
particulièrement, l’appui direct aux petites et moyennes industries et aux
petites et moyennes entreprises, spécialement celles engagées dans
l’agro-industrie et inscrivant leurs activités dans le cadre des chaînes des
valeurs.
Il
nous faut, en effet, produire ce que nous consommons et, comme J’ai eu déjà à
le dire, conférer de la valeur ajoutée à nos produits destinés, non seulement à
la consommation domestique, mais aussi à l’exportation, en vue de les rendre
plus compétitifs.
Notre
pays ne saurait plus indéfiniment être ce grand marché offrant l’opportunité
d’affaires et d’emplois aux peuples des pays tiers, au détriment de sa propre
population et de son économie.
Par
ailleurs, les efforts de mobilisation des ressources internes seront poursuivis
à travers la lutte sans concession contre la fraude douanière et fiscale ainsi
que la contrebande, grâce aux réformes fiscales nécessaires et grâce à l’implantation très prochaine, au sein de
nos régies financières, des systèmes de gestion informatisée des contribuables,
fournis par une expertise appropriée.
C’est
ici le lieu pour Moi d’insister sur l’impérieuse nécessité pour le Gouvernement
de la République, l’Assemblée Nationale
et le Sénat de prendre des dispositions utiles en vue de l’adoption, dans les
plus brefs délais, et pendant la session en cours, d’une nouvelle Loi sur la
fiscalité, de celle sur le Partenariat Public Privé, sans omettre la
finalisation de la Loi portant révision de certaines dispositions du Code
minier, en sursis depuis plusieurs mois devant les deux Chambres.
Le
Gouvernement pourra ainsi disposer des outils solides pour stabiliser, de
manière pérenne et structurelle, la situation économique en cours, avant
d’inverser définitivement la tendance préoccupante actuelle.
L’amélioration
de la situation sociale de nos populations, en dépend.
Honorables
Députés et Sénateurs,
Mes
Chers Compatriotes,
Je
voudrais rappeler à la jeunesse de notre pays que la mise en œuvre effective
des politiques appropriées promises en novembre dernier en vue de sa réinsertion
socio-économique a démarré.
La
promotion de l’entrepreneuriat local à travers les mesures susmentionnées de
soutien au secteur privé ainsi que l’entrée en vigueur de la Loi sur la
sous-traitance aux PME et PMI locales constituent aujourd’hui, des opportunités
à saisir.
Parallèlement
à ces efforts qui créeront plusieurs milliers d’emplois, les entreprises du
portefeuille de l’Etat ont été instruites de privilégier, dans le cadre de leur
plan de redressement, la résorption du chômage des jeunes.
Quant
aux agents et fonctionnaires de l’Etat, civils et militaires, le processus
engagé de l’amélioration de leurs conditions de vie sera poursuivi, grâce aux
réformes relatives à la maîtrise des effectifs et de la masse salariale, qui
permettront en dernier ressort, la réaffectation des économies réalisées, aux
réajustements progressifs de leurs traitements.
Honorable
Président de l’Assemblée Nationale,
Honorable
Président du Sénat,
Honorables
Députés et Sénateurs,
Conformément
à ce qui est devenu une tradition politique dans notre pays, J’ai levé l’option,
depuis juin 2015, d’engager la classe politique et sociale de notre pays dans
un dialogue, afin de dégager le consensus indispensable à l’organisation du
troisième cycle électoral apaisé.
Cette
initiative faisait suite du reste, aux efforts entrepris dans le même sens en 2012, lorsqu’à la
recherche du consensus national en vue de défendre la patrie contre les
pseudo-rébellions, J’avais convoqué les Concertations Nationales ayant permis
de renforcer notre cohésion en tant que Nation et de soutenir, d’une seule
voix, notre armée engagée dans les opérations de défense de la patrie.
Dans
le même ordre d’idées, une fois de plus, la recherche du consensus M’a inspiré,
dans la convocation, en novembre 2015, du dialogue politique national inclusif
tenu sous la facilitation internationale de l’Union Africaine.
Ce
Forum, précédé lui-même du pré-dialogue entre la Majorité et l’UDPS, tenu dans
plusieurs villes européennes, débouchera, à la Cité de l’Union Africaine, sur l’Accord du 18 octobre 2016, entre l’Opposition
politique, la Société civile et la Majorité.
Quoique
cet Accord ait jeté des bases solides à nos attentes, J’avais résolu de déférer
à l’impératif de l’inclusivité en vue d’un plus large consensus des parties
prenantes au processus électoral, en confiant à la Conférence Episcopale
Nationale du Congo une mission de bons offices auprès du « Rassemblement » de
l’Opposition.
C’est
ici le lieu de rendre hommage aux Evêques de l’Eglise catholique pour
l’excellent travail abattu, ayant donné lieu à l’Accord du 31 décembre dernier,
et à certains points de convergence sur les modalités de mise en œuvre dudit
Accord.
Hélas,
en dépit de leurs efforts louables ayant permis l’atteinte de plus de 90% des
résultats escomptés, les parties prenantes n’ont pu dégager de consensus sur
deux points concernant respectivement la désignation du Premier Ministre et
celle du Président du Conseil National de Suivi de l’Accord, tel que renseigné
dans le rapport final de médiation Me transmis en date du 28 mars dernier.
Honorable
Président de l’Assemblée Nationale,
Honorable
Président du Sénat,
Honorables
Députés et Sénateurs,
J’aimerais
rappeler, une fois de plus, que l’objectif poursuivi en organisant le Dialogue
est, et reste, l’organisation des élections apaisées.
Je
félicite pour cela notre Centrale électorale qui, dans des conditions
extrêmement difficiles, a abattu un travail remarquable ayant permis, à ce
jour, de dépasser la barre de 21.500.000 électeurs enrôlés avec,
essentiellement, le financement propre du Gouvernement de la République, évalué
à ce jour, à 320 millions de dollars.
Je
voudrais annoncer solennellement à notre peuple, que les élections auront bel
et bien lieu. Que ceux qui en doutent
encore soient rassurés. Tout sera mis en œuvre, en effet, pour atteindre cet
objectif, conformément au calendrier qui sera fixé par la CENI.
L’Accord
du 18 octobre, comme celui du 31 décembre 2016 ayant dégagé le consensus jadis
recherché sur la problématique des séquences des élections et du fichier
électoral, aussitôt celui-ci constitué, et la répartition des sièges déterminée
par une Loi qui sera adoptée par les deux Chambres, plus rien ne devra empêcher
la convocation du scrutin.
Honorables
Députés et Sénateurs,
Ce
processus étant l’œuvre des Congolais, financé par les Congolais eux-mêmes,
aucune ingérence étrangère ni dans son pilotage, moins encore dans son
déroulement, ne sera tolérée.
Comme
dans tout autre pays membre des Nations Unies, il s’agit là d’une question de
politique intérieure et relevant, en conséquence, de la souveraineté nationale.
Et
notre devoir, c’est bien celui de défendre justement l’indépendance et la
souveraineté nationales, conformément à l’engagement pris devant notre peuple,
aux termes de notre serment constitutionnel.
Honorable
Président de l’Assemblée Nationale,
Honorable
Président du Sénat,
Honorables
Députés et Sénateurs,
Mes
Chers Compatriotes,
Au
cours de ces dernières 48 heures, J’ai été à l’écoute de la classe politique et
sociale qui a répondu à Mon invitation. J’ai noté une convergence des vues,
notamment sur l’urgence qu’impose le règlement de deux points relatifs à la
mise en œuvre de l’Accord, spécialement en ce qui concerne la question de la
désignation d’un nouveau Premier Ministre.
A
ce propos, un large consensus s’étant dégagé sur la procédure de désignation de
celui-ci, et sur les compétences de l’autorité de nomination, J’invite le «
Rassemblement » à surmonter ses querelles intestines et à harmoniser les vues
sur la liste des candidats Premier Ministre ayant le profil requis et convenu,
comme souhaité depuis plusieurs mois, en vue d’accélérer le processus de
formation du nouveau Gouvernement d’Union Nationale.
Comme
relevé dans Mon message de novembre 2016, et tenant compte du fait que le pays
ne doit plus être l’otage d’intérêts personnels et de lutte de positionnement
des acteurs politiques, le Premier Ministre sera impérativement nommé dans les
48 heures.
Quant
à la présidence du Conseil National de Suivi de l’Accord, Je demande aux deux
Chambres du Parlement d’adopter rapidement la Loi organique y relative, en même
temps que J’en appelle à l’accélération des tractations au sein de la classe
politique en vue de la désignation, dans la foulée de l’entrée en fonction du
nouveau Gouvernement, d’une personnalité consensuelle devant présider cette
structure.
Honorable
Président de l’Assemblée Nationale,
Honorable
Président du Sénat,
Honorables
Députés et Sénateurs,
Mes
Chers compatriotes,
Comme
par le passé, la République Démocratique du Congo n’a pas vocation à sombrer,
mais plutôt à émerger. Ses difficultés conjoncturelles étant bien cernées,
elles sont en voie de trouver des réponses appropriées.
Je
suis convaincu que grâce à l’engagement de tous, Opposition, Société civile et
Majorité, et surtout grâce à l’appui de notre peuple, nous saurons surmonter
les défis qui se présentent à nous. Et notre beau pays survivra aux prédictions
apocalyptiques et malveillantes de ses détracteurs.
Que
Dieu bénisse notre pays !
Mesdames
et Messieurs,
Je
vous remercie.
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