Il peut s'agir d'un sujet tabou face à un gouvernement hostile aux critiques populaires; mais dans un pays qui se veut scientifique en déversant des universitaires dans la société pour son mieux être, il faut s'attendre à tout. Un pays à multiple préoccupations comme le nôtre devrait se fier aussi bien aux résultats des chercheurs agréés comme ceux privés afin de murir ses ambitions, ceci, pour ressortir la différence qui découlerait de l'indépendance de ces chercheurs.
Œuvrant dans l'administration publique, je suis bon témoin et agent qui puisse fournir certaines preuves qui serait à la base de la fragilité (FAIBLESSE) constatée au sein de cette administration. Une analyse comme celle-ci ne devrait pas gêner certains esprits mais peut-être les pousser à prouver les contraires selon qu'ils en ont vécu autrement.
En effet les indicateurs sont nombreux et la liste retenue par mon analyse n'est pas exhaustive:
- La politisation des fonctions administratives;
- La sur-séances des affectations;
- La passivité du Ministère de la Fonction Publique;
- L'insuffisance des frais de fonctionnement alloués aux services.
- La politisation des fonctions administratives
L'autorité politico-administrative ayant pour attributions la restauration de l'autorité de l'État par et à travers l'accomplissement des fonctions régaliennes de celui-ci (sécuriser les personnes et leur bien) est appelé à accomplir ses tâches sans aucune pression extérieure à son devoir; notamment celle liée à sa mouvance politique. Le constat est que, pour assoir le pouvoir, les autorités politiques de quel degré que ce soit préfèrent les leurs à toutes les bases, des personnes capables de les soutenir en cas de besoin (même famille politique, biologique ou tribale), de cette façon les instructions sont exécutées sans tergiversation. Conséquence, les réalités de la base sont bafouées, la compétence n'a pas sa place... La fin d'alliance politique met fin aux fonctions de toutes les personnes qui dépendaient d'elle malgré leur savoir-faire; l'administration publique se trouve dès lors esclave non de la politique proprement parlant mais des hommes (primautés de l'intérêt privé).
- La sur-séance des affectations
Rares sont les mutations qui dépassaient trois ans en RDC (Zaïre).
Les autorités politico-administratives ne pouvaient dépasser trois ou quatre tout au plus dans une même entité pour les mêmes fonctions (sauf santions ou autres cas d'empêchement). Sans connaitre les vraies raisons qui avaient poussé le gouvernement à adopter ce système, il s'avère pour moi un bon moyen pour garantir la valeur et l'autorité de l'administration. Les dirigeants, après prise de connaissance de l'entité et des problèmes qui le rongent le reste n'est que routine, peu à peu le travail perd son dynamisme et tout se résume à la routine. Ce système empêchait également les détenteurs du pouvoir de se lancer dans des activités privés (comme le commerce) qui sont également un handicape vis-à-vis de l'accomplissement de leurs fonctions. Néanmoins il présente (la mutation) un déséquilibre familial, la famille appelée à plier bagage chaque trois ans. Ceci me pousse à aborder sans tarder l'indicateur suivant.
- La passivité du Ministère de la Fonction Publique
Le Ministère a à sa charge tous les fonctionnaires et agents de l'État. Il doit veiller à l'engagement, à l'avancement jusqu'à la retraite de ces derniers. Chose jamais vu en RDC il y a belle lurette. Les derniers recrus (exemple du Ministère de l'Intérieur) datent des années 1998, parmi lesquels une majeure partie a un salaire difficilement acquis. Si l'on doit compter le nombre d'abandons et de morts depuis l'indépendance, ils sont remplacés par des agents et fonctionnaires sans qualité, appelés N.U. (Nouvelles Unités) entant que tels pendant plus de 18 ans. Sans parler du pauvre salaire que touche les sous-statuts, les N.U. sont condamnés à ne rien toucher; comment s'attendre à un rendement efficace (ces agents sont alors des grands opérateurs économiques et miniers et les postes qu'ils occupent au sein de l'administration publique ne leurs permettent que d'échapper aux taxes et impôts entant qu'agent sans salaire à qui l'État doit beaucoup). Dans les services d'assiettes ou taxateurs c'est encore pire, les percepteurs perçoivent pour leur compte, sans aucune prouve de paiement (quittance ou bordereaux), soit c'est 30% dans le trésor public et 70 entre chef et agent (ni makuta ya l'État aina ya muntu= c'est l'argent de l'État n'appartenant donc à personne).
C'est agent (N.U.) ne sont pas recensés à la fonction publique (mais prétendent travailler pour l'État), sauf ceux qui sont passé aux contrôles biométriques de 2012 (dont la plupart vaque à d'autres occupations par maque de rémunération) qui ont croire à un engagement (attribution des numéros matricules pour les recensés) dans un futur très prochain .
La même passivité constaté au Ministère de tutelle est vécue également aux entités provinciales, urbaines, communales, Territoire, Chefferie et Secteur: les chefs d'entité ne savent pas faire preuve de rigueur et de suivi administratif (régularité, ponctualité, compétence, rendement) vis-à-vis des agents presque bénévoles (non payés), ce qui brise davantage l'organisation et le fonctionnement de l'appareil administratif.
- L'insuffisance des frais de fonctionnement alloués aux services
Ces frais sont considérés par les uns comme rétrocession et par les autres comme frais de fonctionnement. Rétrocession pour les entités ayant la personnalité juridique (chefferie, secteur, commune et les services générateurs des recettes) et frais de fonctionnement pour celle sans personnalité juridique (territoire et autres services non générateurs des recettes). Difficile de dire sur base de quel calcul ses rétrocessions sont faites ou de quelle base ces frais sont fournis à ces entités. Bien que ces entités et services renferment plus de 95% de N.U., c'est entre 900 000 et 1 500 000 francs congolais qui leur servent de rétrocession et pour les services entre 25 000 et 50 000 francs congolais.
A quoi ou à qui servira cet argent? Au Chef, au service ou aux agents et alors combien par agent?
Quel rendement peut-on attendre de ces entités, services et agents?
A cette liste ont peut ajouter
- La corruption
- Le vieillissement du personnel
- Le clientélisme
- Le tribalisme
Beaucoup reste à découvrir mais cet extrait est la réalité de l'administration publique congolaise
Jean-Baptiste KITWAMBI MUFUNGA
Politologue
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire